Stop à la haine dans nos rues : l’Inter-LGBT dénonce le manque de prévention !
Dimanche 31 mars 2019, journée internationale de la visibilité transgenre (TDOV), Julia, une jeune femme transgenre, a été violemment agressée par toute une foule, place de la République. Après une première agression à caractère sexuel dans les couloirs du métro et alors qu’elle remontait les escaliers pour sortir et fuir la zone, elle s’est retrouvée au milieu d’une foule, et plusieurs hommes, l’ont agressée, en l’insultant puis et en la frappant violemment. Il a fallu l’intervention de la sécurité du métro pour mettre fin à cette odieuse agression.
Pourtant la transphobie ne s’est pas arrêtée là : les agents de sécurité ont mégenré la victime, allant même jusqu’à lui reprocher sa tenue et sa présence à cet endroit. C’est encore une fois à la victime que l’on fait des reproches !! L’Inter-LGBT tient à apporter tout son soutien à Julia et à toutes les victimes de LGBTphobies. Elle dénonce les comportements sexistes et LGBTphobes qui veulent rendre les victimes responsables de leurs agressions, et se joint à Julia pour dénoncer aussi les tentatives de récupération à des fins racistes et xénophobes.
L’Inter-LGBT rappelle que les témoignages d’agressions LGBTphobes sont en augmentation, comme le rappelle le rapport de SOS homophobie 2018 qui fait état d’une hausse des témoignages d’agressions physiques de 15 % : soit environ une agression apportée tous les 3 jours ! Cet été, une personne trans a été assassinée. Les personnes trans sont malheureusement en première ligne dans cet acharnement contre les personnes LGBTQI+, subissant une triple discrimination sexiste, homophobe et transphobe. Rappelons qu’en 2014, 85 % des personnes trans déclarent avoir été victimes de transphobie(38 % ont dû faire face à plus de 5 actes) et que plus de 50 % des faits se sont déroulés dans la rue. Ces agressions sont malheureusement encouragées par un sentiment d’impunité : seules 3 % des personnes ont osé porter plainte, et quand bien même une plainte est déposée, très rares sont celles qui aboutissent effectivement à une réponse pénale [1].
La mairie de Paris, mais surtout la préfecture et même le gouvernement, semblent s’être enfin saisis du dossier suite à la vague d’agressions de la rentrée 2018 et des mesures ont été annoncées. Pourtant, à part la formation de policiers référent·es dans les commissariats parisiens, les autres mesures ne sont pour l’instant pas mises en œuvre. L’Inter-LGBT demande instamment qu’une formation sur les violences LGBTphobes soit intégrée à la formation initiale des policiers et des magistrats, mais aussi aux agents des transports publics, pour que les victimes soient bien accueillies et que les plaintes soient instruites et le caractère aggravant lié à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre bien retenu. Nous dénonçons aussi le manque d’effectifs de la justice et de la police, ce qui entraîne les fonctionnaires débordés à « trier » par « gravité » les plaintes, supprimant ainsi le droit fondamental à la justice pour certaines victimes, renforçant du même coup le sentiment d’impunité chez leurs agresseurs.
Le caractère haineux et violent de l’agression de Julia par une foule, nous montre que le mal est profond et que le travail doit aussi, et surtout, se faire dans les mentalités. La transphobie est encore présente partout dans la société. Administration, école, hôpitaux, transports, espaces publics, réseaux sociaux, elle s’exprime partout, et les personnes trans sont contraintes de vivre avec la peur au quotidien. L’Inter-LGBT demande à ce qu’un véritable plan de prévention soit mis en place, et que les questions de genre soient abordées dès le collège pour qu’un changement durable des mentalités se mette en place. C’est d’ailleurs le sens de la campagne de sensibilisation qu’elle vient de lancer (soutenonslespersonnestrans.inter-lgbt.org).
Pour dénoncer les violences de genre et les actes transphobes, l’Inter-LGBT appelle donc à se joindre au rassemblement solidaire organisé par divers associations Trans et LGBTQI+, mardi 09 avril à 18H30 place de la République.
[1] Chiffres issus du rapport sur la transphobie d’Arnaud Alessandrin et Karine Espineirade en juillet 2014 produit avec le soutien de République et Diversité et du comité IDAHO.