Le 17ème sommet de l’OIF s’ouvre en Arménie : la question des personnes LGBTQI enfin abordée ?
Aujourd’hui débute à Erevan le 17ème sommet de la Francophonie. Pendant deux jours 84 chef-fe-s d’État et de gouvernement seront réunis pour aborder ensemble les questions qui traverse l’espace francophone. Il y a un mois le même sommet réunissait en Arménie les OING de la Francophonie pour ouvrir la voie à celui d’octobre. Des résolutions fermes concernant les droits des personnes LGBTQI y avait été prises, nous demandons aux personnalités politiques de haut niveau de poursuivre et concrétiser cet élan.
La 11ème conférence des Organisations Internationales Non Gouvernementales (OING) de la Francophonie s’est tenue du 11 au 14 septembre 2018 à Erevan en Arménie. Lors de sa délibération, et pour la première fois dans l’histoire de l’OIF, une triple directive a été votée pour « favoriser la concertation et la mobilisation des jeunes LGBTQI, créer des espaces de dialogue sécuritaires et inclusifs et renforcer les capacités des organisations de défense des droits des communautés LGBTQI ».
Après des années de plaidoyer et de négociation de la part des ONG et des OING travaillant avec les organes l’OIF cette directive constitue aujourd’hui une avancée majeure pour la reconnaissance et la défense des droits des personnes LGBTQI+ dans les espaces francophones. La situation reste complexe en Francophonie : parmi les états membres 14 pénalisent encore les homosexualités, de l’amende à la peine de prison, en passant par les sévices corporels, voire la peine de mort (*). Les progrès restent nombreux à réaliser et certaines communautés voient encore leurs droits humains et leurs libertés fondamentales bafouées quotidiennement : les femmes lesbiennes sont victimes de viols correctifs, peu de territoires permettent un changement d’état civil respectueux aux personnes trans sans procédures médicales et/ou psychiatrisantes, aucun pays de la Francophonie n’interdit les mutilations sur les enfants intersexes, etc.
Le français est parlé sur les 5 continents par plus de 274 millions de personnes dont 212 millions quotidiennement. En progression démographique constante, d’ici 2050 ce sont plus de 700 millions locuteur-trice-s qui parleront le français (soit 8% de la population mondiale) dont plus de 60% auront moins de 25 ans. Il est donc urgent que l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) se saisisse pleinement de la question des droits humains des personnes LGBTQI.
Lors du dernier sommet, à Madagascar en 2016, les représentant-e-s canadien-ne-s, québécoi-se-s et belges avaient abordé frontalement le respect des droits LGBTQI. Alors que l’Arabie Saoudite est candidate à l’adhésion, l’Inter-LGBT appelle les autorités françaises à remettre les questions de démocratie et de droits humains au cœur du mandat de l’OIF.
L’Intet-LGBT appelle les 84 chef-fe-s d’état et de gouvernement membres de l’OIF à travailler collectivement à l’effectivité des droits pour toutes les personnes LGBTQI dans l’espace francophone.
* les 14 pays pénalisant sont : Burundi, Cameroun, Comores, Dominique, Égypte, Guinée, Liban, Maroc, Maurice, Mauritanie, Sainte-Lucie, Sénégal, Togo et Tunisie, Le Ghana et le Qatar sont membres associés.