Une place en l’honneur de Claude Goasguen : Paris est-elle toujours fièr.e ?
Lettre ouverte à Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris
Madame la Maire,
Non Madame Hidalgo, il n’y a pas de « courtoisie républicaine » avec les LGBTQIphobes, les sexistes et les racistes !
Comment pouvez-vous proclamer les diversités dans la Ville de Paris et lutter contre les discriminations tout en votant pour la création d’une place Claude Goasguen dans le XVIème arrondissement ? Cela nous paraissait inenvisageable, mais le Conseil de Paris et vous-même, Madame Hidalgo, l’avez fait !
Passant même outre la règle d’attribution du nom d’une personnalité à une voie publique dans Paris[1]. Quelle urgence à glorifier dans l’espace public les LGBTphobies, le racisme et le sexisme ?
Pas besoin de rappeler que M. Claude Goasguen, au-delà de sa jeunesse proche d’organisation des groupes d’extrêmes droites (Occident et Ordre Nouveau) a durant sa vie politique, assumé, revendiqué et porté haut ces convictions, racistes, sexistes, transphobes, homophobes, sérophobes et qu’il se vantait de ne rater aucune manifestation “anti-LGBT”. Bon nombre de collectifs se sont élevés contre lui, allant jusqu’à des dépôts de plaintes.
Donc oui, cette décision est choquante, humiliante et insultante envers de nombreux·ses militant·e·s et organisations qui luttent pour la défense de valeurs humanistes, d’inclusions et des droits humains.
Au temps où certain·e·s voudraient déboulonner des statues, le Conseil de Paris érige en symbole parisien un personnage trouble de la Vème République. Sur les 163 élu·e·s, 82 ont voté pour (dont vous), 34 contre, 2 abstentions, et 45 absent·e·s. Mais où étaient les soi-disant·e·s allié·e·s comme Mme Audrey Pulvar, M. Jean-Luc Romero-Michel, M. Ariel Weil, Mme Géneviève Garrigos ou Mme Hélène Bidard ?
Quand durant cette séance Alice Coffin rappelle le « glorieux » passé de M. Claude Gosguen, elle est insultée par Mr Francis Szpiner. Faut-il voir dans votre silence lors de cette attaque odieuse une complicité politique ?
Si la cohérence existe encore en politique, l’est-elle encore dans votre majorité municipale, qui lors de votre dernière campagne électorale, vous déclariez vouloir « donner une visibilité à la culture LGBT+ dans tout Paris »[2] ?
Moins d’un an après votre réélection, vous votez pour donner le nom d’une place parisienne à un homophobe notoire, militant du premier jour de la « Manif Pour Tous », contre l’ouverture du mariage des couples de mêmes, et précédemment opposé au PACS ?
C’est donc ainsi qu’est traitée la mémoire et l’histoire par votre équipe ? Dans la même semaine, avec Mme Patrice, vous honorez la Commune de Paris et son espoir d’égalité et d’émancipation pour tou·te·s, et dans le même temps vous êtes capable d’honorer l’un de ses ennemis. Quel grand écart politique navrant !
Madame Hidalgo, vous critiquiez pendant cette même campagne la présence d’opposant·e·s au mariage pour tous et à la PMA sur certaines listes et vous disiez « Cela m’inquiète beaucoup (…) c’est difficile d’être progressiste et d’avoir été anti-PMA ou anti-mariage. Ce cynisme ne ressemble pas à Paris ». Et pourtant votre majorité vote délibérément ou par son absence pour la glorification d’un homme politique qui s’opposait également à un lieu d’accueil des SDF ou de construction de logements sociaux dans « son » arrondissement doré, qui écrivait sans aucune retenue qu’il y a « un problème avec les maghrébins » le 15 septembre 2016 sur Twitter, relent de l’Algérie française.
Non, Madame Hidalgo, les LGBTQIphobies, le sexisme et le racisme n’ont pas leur place à Paris !
L’inter-LGBT s’insurge d’une telle décision de « courtoisie républicaine » contraire aux valeurs et aux engagements de la Ville de Paris envers nos communautés. Par cette lettre, nous vous demandons l’abandon de ce projet qui est une injure pour tout·e·s les parisien·ne·s.
[1] A Paris, une délibération du 9 décembre 1938 n’autorise normalement pas la dénomination d’une voie du nom d’une personne qui n’est pas décédée depuis moins de cinq ans
[2] https://tetu.com/2020/03/09/des-militants-anti-pma-perturbent-un-meeting-lgbt-danne-hidalgo/