Le droit à disposer de nos corps éternellement remis en question : ça suffit

Le Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) a menacé ce mardi 12 mars 2019 d’arrêter de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans un email : « Préparez-vous donc à ce que le syndicat vous donne l’ordre d’arrêter les IVG si la ministre de la Santé refuse de nous recevoir ».

 

Le syndicat a confirmé l’authenticité de ce message à divers médias et le docteur Jean Marty, ancien président du Syngof a ajouté : « Si on ne fait pas des menaces qui inquiètent la société, nous ne sommes pas entendus. Je n’ai personnellement aucun problème avec l’IVG, c’est notre activité. Je souhaite que la menace ne s’applique pas, mais s’il n’y a rien dans la loi, on le fera. » Cette instrumentalisation est insupportable.

 

Les femmes souhaitant avoir recours à l’IVG ne sont pas des pions à utiliser pour obtenir un rendez-vous ministériel. Nous refusons ces manières de faire irresponsables, irrespectueuses et contraire au serment médical. Nous appelons les membres du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) à cesser de soutenir cette institution, qui bafoue la réputation et le métier de tou-te-s les gynécologues-obstétricien-ne-s

 

Rappelons qu’en septembre 2018, le docteur Bertrand de Rochambeau, Président du Syngof expliquait refuser de pratiquer l’IVG avec ces mots : « Les choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus. Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. »(1)

Le Syngof avait ensuite pris ses distances avec les propos de son Président : « Bertrand de Rochambeau s’est exprimé en son nom personnel et non au nom du Syngof. » Et d’assurer que « le Syngof ne remet nullement en cause l’IVG, nombre de gynécologues au sein du Syngof pratiquent les IVG ». Prendre ses distances ne suffit plus, il est temps de prendre des mesures. Les dirigeants du Syngof représentent l’arrière-garde d’un monde médical rétrograde et dépassé, qui incite au non-respect de la loi en appelant à l’entrave à l’IVG.

 

Le droit à l’avortement libre et gratuit est mis en danger, en France comme ailleurs. Les politiques d’austérité ont ainsi entrainé la fermeture de 5% des établissements publics et de 48% des établissements privés pratiquant l’IVG au cours de ces dix dernières années, soit plus de 130 établissements au total (2). Ces fermetures interdisent de fait l’accès à l’IVG dans certains territoires. Dans certains hôpitaux de France, les femmes n’ont pas accès à l’IVG, poussant certaines femmes à devoir faire des kilomètres pour être reçue.

 

Toute remise en cause du droit à l’avortement réduit les femmes à une fonction reproductive et leur retire leur liberté de choisir. Elle impacte toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, bisexuelles et/ou trans. Nous appelons également le corps médical et les laboratoires pharmaceutiques à mieux prendre en charge les personnes  souffrant de la pénurie d’Androcure. Il est temps que la médecine soit réellement au service de toutes et de tous.

 

 

Aujourd’hui et tant qu’il le faudra, l’Inter-LGBT luttera pour que le droit de tou-te-s à disposer de leur corps soit respecté.

 

 

 

(1) Emission Quotidien, 13 septembre 2018

(2) Rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes relatif à l’accès à l’IVG dans les territoires, 07/11/2013.