IDABLHOTI 2019 : LES DROITS LGBTQI+ EN RECUL ET EN DANGER
Vendredi 17 mai 2019 sera célébré la Journée Mondiale de lutte contre les LGBTQIphobies dans un contexte mondial de légère amélioration des droits des personnes LGBTQI+, en net contraste avec un recul/stagnation européenne. Les atteintes aux droits et libertés fondamentales se multiplient, y compris dans des démocraties accomplies les droits des LGBTQI+ sont en danger. L’Inter-LGBT en appel à la responsabilité des responsables politiques pour protéger les personnes LGBTQI+, les LGBTQIphobies sont un crime et doivent être punies comme tel.
Une situation européenne stagnante, pire en recul
Après plusieurs années de progrès la situation continentale est désormais caractérise par une stagnation, voire un recul des droits des personnes LGBTQI. Si les pays du haut du classement (publié annuellement par ILGA-Europe, cf. PJ) se maintiennent, environ 1/3 des pays sont en recul. Dans de trop nombreux pays, malgré le vote de lois anti-discriminations, souvent elles ne couvrent pas les LGBTQIphobies ou ne sont simplement pas appliquées. Le manque de volonté politique est particulièrement marqué dans les Balkans (Bulgarie, Serbie, Kosovo), dans certains des atteintes générales sur tous les droits humains impactent fortement les populations LGBTQI+ (Pologne, Hongrie, Turquie). Le trio de tête est composé de Malte (90%), la Belgique (73%) et le Luxembourg (70%) ; le peloton de queue de l’Arménie (7%), la Turquie (5%) et l’Azerbaïdjan (3%), dans le cas précis de l’UE de la Bulgarie (20%), la Pologne (18%) et la Lettonie (17%).
L’année dernière classée dans le peloton de tête à 73% la France est aujourd’hui en net recul de 10 points à 63% en raison de l’attentisme des pouvoirs publics à légiférer ou par défaut de protection de certaines communautés marginalisées par les pouvoirs publics (migrant-e-s, intersexes, etc.). 7% des personnes LGBTQI+ déclarent avoir été victimes d’agressions physiques cette année, en nette augmentation (3% en 2018) ; pire 70% se restreignent d’agir spontanément par peur de violences (étude fondations Jasmin Roy-Sophie Desmarais/Jean Jaurès avec la DILCRAH).
Rainbowmap 2019 de l’ILGA Europe
https://www.rainbow-europe.org/
Des atteintes profondes aux libertés fondamentales
50 ans après les émeutes de Stonewall (juin 1969 à New York) qui déclenchèrent le mouvement des Marchés des Fiertés LGBTQI les libertés d’expression et d’assemblée sont encore bafouées dans de nombreux pays. La fin de semaine dernière 3 militant-e-s furent arrêtés par la police à La Havane pour avoir organisé une Marche LGBT le 11 mai. Alors que Cuba se distinguait dans la région par un début d’ouverture, et même l’idée de légaliser le mariage pour tou-te-s, ce recul soudain est inquiétant et un signal dangereux envoyé aux franges les plus LGBTQIphobes de la Caraïbe. En Turquie c’est le défilé de l’Université qui est interdit par le Rectorat malgré une décision de justice favorable. En évacuant le campus les policiers ont brutalisé les étudiant-e-s. La situation au Brésil et aux États-Unis reste préoccupante depuis les dernières élections où les droits des LGBTQI+ ne cessent d’être remis en question.
Les opérations invasives non-consenties sur les enfants/ado intersexes restent monnaie courante en violation totales de nombreuses conventions internationales dont celle de protection des droits de l’Enfant ou de prohibition de la torture. Seul un pays au monde, Malte, interdit les mutilations sur les enfants intersexes.
Dans 13 pays au monde les relations entre personnes de même sexe restent même passibles de la Peine de mort.
La décriminalisation globale se poursuit
Après la dépénalisation des rapports homosexuels entre adultes consentants en Inde et à Trinité-et-Tobago en 2018, c’est au tour de l’Angola d’avoir dépénalisé l’homosexualité en janvier dernier. Désormais si plus de 25 millions d’habitant-e-s peuvent vivre sans crainte de répression légale l’acceptation globale reste compliquée et de nombreux LGBTQI+ restent confronté-e-s à une attitude hostile de la société. Certaines communautés restent particulièrement visées comme les lesbiennes, les personnes bisexuel-le-es, trans, poussant certain-e-s à devoir fuir leur pays pour trouver refuge à l’étranger ; souvent elles/ils se retrouvent isolé-e-s et stigmatisé-e-s, les poussant encore plus dans la précarité.
Malgré des évolutions positives en matière de décriminalisation dans certaines parties du globe, l’Inter-LGBT dénonce le recul observé notamment en Europe. A l’approche des élections européennes la montée en puissance des réactionnaires conservateurs nous inquiète pour les années à venir. L’Inter-LGBT encourage les Etats progressistes à montrer l’exemple et à poursuivre leurs actions pour l’égalité réelle et la reconnaissance des droits de toutes les populations LGBTQI+.