Don du sang pour les HSH, 4 mois qui ne sont qu’une étape
Depuis le 2 avril dernier, les critères permettant aux hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) de donner leur sang ont évolué passant de 12 à 4 mois après le dernier rapport sexuel autrement dit 4 mois d’abstinence sexuelle (Arrêté du 17 décembre 2019 fixant les critères de sélection des donneurs de sang).
Ce délai est une décision prise par la Ministre de l’époque Agnès Buzyn, suite aux résultats de l’étude Complidon[1], qui indiquait que les comportements sexuels des HSH donneurs ne respectant pas ce délai d’abstinence étaient déjà majoritairement effectués dans un délai de 4 mois avant le don, sans que le taux de poches contaminées par des IST n’ait augmenté, en particulier du VIH et de l’hépatite C, auquel s’ajoutait un calcul du risque résiduel d’un abaissement à 4 mois ne montrant aucun surrisque[2].
L’Inter-LGBT (membre du Comité de suivi de l’arrêté des donneurs) prend acte de cet abaissement qui permet à davantage d’HSH d’avoir accès au don mais considère que ce n’est qu’une étape vers une égalité totale. En effet, un homme n’ayant qu’un seul partenaire masculin devra s’abstenir durant 4 mois alors qu’un homme ayant qu’une seule partenaire féminine pourra, lui, donner son sang quand il le souhaite en respectant néanmoins les délais entre deux dons (exemple : 8 semaines entre deux dons de sang complet). Il faut préciser que cette imposition de l’abstinence aux HSH rejaillit également sur les partenaires féminines d’hommes bis, celles-ci devant adopter cette mesure pour se rendre au don.
De plus, l’Inter LGBT s’inquiète de l’accueil des personnes trans et des critères retenus pour pouvoir effectuer un don de produit sanguin – n’ayant pas obtenu de réponses claires à ce sujet lors de la dernière réunion – ou de questions spécifiques dans le formulaire à remplir avant tout don.
Alors que les autorités sanitaires lancent à longueur d’année des appels aux dons de produits sanguins, nous sommes toujours confronté·e·s à une discrimination liée à l’orientation sexuelle au lieu de prendre en compte uniquement les comportements à risque de chaque personne.
Alors que ces critères visant les HSH sont basés sur le risque de contamination au VIH et la prévalence plus forte du virus dans le groupe des HSH que chez les hétérosexuels, il n’est pas normal d’imposer un an d’abstinence aux partenaires de séropositifs indétectables quand la communauté scientifique a prouvé qu’une charge virale indétectable empêchait toute transmission du VIH d’une personne à l’autre. Cette mesure est discriminatoire et sérophobe.
Dans cette période de pandémie, il est d’autant plus important que les personnes continuent à donner leur sang, or nous nous trouvons toujours face à une exclusion d’une partie de la population.
Bien entendu, il est prévu de continuer cette étude Complidon, lancée à partir du printemps 2021, afin d’arriver à un alignement des critères d’ici 2022 selon les informations reçues lors de ce comité de suivi, mais la crise du Covid-19 nous fait craindre un report aux calendes grecques de cette évolution.
L’Inter-LGBT restera vigilante sur ce dossier et continuera à participer à ce comité de suivi dirigé par le Professeur Jérôme Salomon afin d’y apporter ses arguments et arriver au plus vite à cette égalité.
[1] Source : Bilan sur le respect des critères de sélection des donneurs de sang 2 ans après leur modification (Santé publique France, novembre 2018)
[2] Source : Don du sang, vers une ouverture plus large aux HSH (Santé publique France, juillet 2019)