Communiqué de presse de l’Inter-LGBT et d’ILGA Europe à l’attention de la classe politique française
Suite à la publication du rapport annuel 2021 de l’ILGA-Europe sur la situation des personnes LGBTI+ en Europe et Asie centrale, l’Inter-LGBT et l’ILGA-Europe unissent leurs voix pour rappeler l’importance pour la France de mettre les droits fondamentaux des personnes LGBTI au cœur de son agenda politique et d’être à la hauteur des ambitions qu’elle veut revendiquer, notamment au travers de son plan national de lutte contre les LGBTIphobies.
À quelques jours de l’élection présidentielle, l’Inter LGBT et l’ILGA-Europe attendent de la part des candidat·es un engagement ferme quant à la reconduction du plan et à sa préparation en amont et en pleine collaboration avec la société civile.
Alors que la France occupe aujourd’hui le 6ème rang des pays européens en matière de législations et politiques selon le classement établi par l’ILGA Europe , le rapport 2021 met en lumière les limites qui persistent dans et au-delà du cadre législatif, notamment en matière d’accès aux droits, de formation et de sensibilisation, ainsi que la nécessité d’avoir davantage de moyens matériels, économiques et humains pour mettre en œuvre une politique efficace en matière de lutte contre les LGBTphobies.
En effet, la PMA a « enfin » été ouverte aux femmes cisgenres, excluant les personnes trans. Les thérapies de conversion sont désormais interdites, mais en excluant toute légifération concernant
les mutilations des enfants intersexes, pourtant reconnues par l’ONU comme actes de torture.
À travers son plan national pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT 2020-2023, le dernier gouvernement français a mis en place une feuille de route, qui constitue une base solide pour permettre les avancées nécessaires. Une collaboration étroite avec la société civile est toutefois une condition essentielle au succès de ce plan national.
L’Inter-LGBT attend donc du prochain quinquennat que ce travail s’organise de manière plus structurée et coordonnée avec les associations concernées, afin que ces dernières apportent toutes leurs expertises. Est également fortement attendu que la réalisation du plan, y compris dans son élaboration, soit faite de manière transparente tout en améliorant la pertinence des indicateurs et en mettant en place des procédures d’évaluation partagée avec la société civile.
Cet important travail de fond au niveau national est d’autant plus important que la France peut jouer un rôle moteur tant dans la région qu’à l’échelle internationale.
Reconnaissant le chemin parcouru et les avancées législatives de cette dernière décennie, la publication d’Ilga-Europe nous rappelle toutefois tout le travail qu’il reste encore à accomplir tant en France que dans la région Europe-Asie Centrale.
Une des conclusions les plus inquiétantes du rapport de l’ILGA-Europe est l’augmentation marquée des discours haineux, qui n’épargne aucun pays.
En effet, il y a eu une augmentation vertigineuse, en 2021, de la rhétorique anti-LGBTI de la part des politicien·nes, des médias et d’autres personnalités influentes, alimentant une vague de violence. Ainsi, des crimes de haine anti-LGBTI ont été signalés sans exception dans chaque pays européen (pas seulement en Hongrie et en Pologne ), que ce soit des attaques physiques ou en ligne, des dégradations de locaux d’associations ou d’établissements LGBTI ou encore de symboles tels que les drapeaux arc-en-ciel.
La rhétorique anti-genre et anti-trans reste largement répandue, voire banalisée, ciblant directement les personnes concernées et laissant entendre une manipulation des plus jeunes. Le récit opposant les droits des personnes trans aux droits des femmes s’est également poursuivi cette année partout en Europe, et dans ce contexte, la réforme de la reconnaissance juridique du genre (LGR) a stagné dans de nombreux pays.
Au moment où l’Europe est en crise politique, climatique, migratoire, sécuritaire, alimentée par les théories populistes et nationalistes, qui s’en prennent notamment aux personnes LGBTI.Il est attendu de la France qu’elle use de son influence et de ses leviers afin de poursuivre la construction d’une Europe (au sein et au-delà des 27) des valeurs humaines et humanistes, qui aurait à cœur, d’ouest en est, du nord au sud, de veiller au respect de l’État de droit, et par conséquent de faire respecter sans concession les droits des personnes LGBTI.
Ne nous détrompons pas ! Les questions d’orientation sexuelle, d’identité ou d’expression de genre, ou encore d’autodétermination sont plus que jamais politisées, et ne font pas l’unanimité en Europe. La guerre russo-ukrainienne a mis en exergue un important exode des populations fuyant les zones
de conflit et remet sur le devant de la scène la question du traitement de l’asile et de la protection
des minorités de genre et/ ou sexuelles.
L’ILGA-Europe et l’Inter-LGBT appellent la France à être exemplaire et leader en matière d’accueil et de protection de tou·tes les réfugié·es sans distinction liée à l’origine ethnique, l’identité réelle ou supposée de genre, l’expression réelle ou supposée de genre ou encore l’orientation sexuelle.
Nous attendons donc de la France, durant la présidence du Conseil de l’Union Européenne, et au-delà de ce mandat, et au vu de son rôle dans l’Union, qu’elle défende le respect et la tolérance au cœur du projet européen, veille sans relâche à continuer le combat contre les discriminations envers la communauté LGBTI et réaffirme la défense de leurs droits fondamentaux.
Par ailleurs, dans le contexte de la campagne présidentielle, nous en appelons au gouvernement mais également à l’ensemble des acteurs·trices politiques (candidat·es et représentant·es de partis), aux leaders d’opinions, et aux médias de maintenir un discours empreint de respect, d’inclusion et de dignité pour tou·tes.