Carton Rouge pour B. Retailleau et O. Nasrou

Retrouvez notre communiqué de presse, co-signé par la Fédération Sportive LGBT+ et le FC Paris Arc-En-Ciel

La méthode du nouveau gouvernement pour lutter contre l’homophobie dans le sport ? Organiser une réunion en urgence, tout en négligeant l’essentiel : inviter les personnes concernées.

Pourtant, ses prédécesseurs auraient dû les alerter. Le Plan national pour l’égalité contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ (2023-2026) avait déjà provoqué l’indignation des associations LGBTQI+, exaspérées par la méthode et le manque de sincérité.

L’envoi d’un fichier Excel pour recueillir quelques revendications d’un groupe d’associations triées sur le volet, pour finalement les ignorer en grande partie, avait laissé un goût amer. Mais en 2024, nouvelle équipe, même stratégie, et cela ne passe plus. On pourrait croire que ce plan n’a servi qu’à caler un pied de table.

Pour resituer le contexte : les réactions de B. Retailleau et d’O. Nasrou face aux chants homophobes entendus au Parc des Princes le 19 octobre ne sont pas seulement insuffisantes, elles sont aussi insultantes.

Le ministre de l’Intérieur a récemment confirmé que ses positions sur le Mariage Pour Tous et les droits LGBTQI+ n’avaient pas changé. Quant à O. Nasrou, secrétaire d’État chargé de la lutte contre les discriminations, c’est la première fois qu’il s’exprime sur ce sujet depuis sa nomination. Il n’a jusqu’à présent jugé nécessaire de s’exprimer sur les LGBTIphobies depuis le début de son mandat. On dirait qu’il y a vu une opportunité à saisir, tant il s’est montré timide sur ces questions jusque-là.

La réunion de ce jeudi 24 octobre, convoquée en urgence par Bruno Retailleau, nous laisse perplexes. La méthode est incompréhensible, car aucune association sportive LGBTQI+ de terrain n’a été invitée. Pourtant, la Fédération Sportive LGBTQI+ compte de nombreuses associations de football et les associations LGBTI travaillent depuis longtemps sur ces sujets. Un simple coup de fil, et nous aurions volontiers répondu présent·e·s.

Le message semble donc clair : la lutte contre les LGBTIphobies dans le sport et les stades de football se fera sans nous. La stratégie pour un sport plus inclusif sera laissée à la discrétion des fédérations nationales et des clubs sportifs dits “traditionnels”, au lieu d’être confiée à la FS LGBT+ comme aux sportif·ve·s de première ligne. Cette situation est inacceptable.

Nous, associations LGBTI+ généralistes et sportives, demandons « sans ambiguïté » à M. Nasrou, secrétaire d’État en charge de la lutte contre les discriminations, et à M. Gil Averous, ministre des Sports, de nous rencontrer sans délai pour discuter des enjeux LGBTI+ dans le sport et mettre en place un plan concret de lutte contre les LGBTIphobies dans les stades, les clubs et l’ensemble des lieux sportifs.

Nous, associations généralistes et sportives LGBTI+, n’avons pas attendu une nouvelle vague de chants homophobes pour agir. 

Nous luttons quotidiennement, sur le terrain comme dans les vestiaires, contre la peur et les stigmatisations. Il est grand temps que l’on nous ouvre les portes et que l’on nous écoute. Nous ne pouvons plus laisser ces sujets, d’une gravité immense, être débattus sans nous. Mieux encore, nous avons des outils et des méthodes à proposer. Les solutions et les propositions de sanctions existent déjà. 

La volonté politique de la part du gouvernement et des fédérations “traditionnelles” de s’engager manque cruellement aujourd’hui. Nous demandons à être entendu·e·s sur nos sujets.