Avec Poutine, Emmanuel Macron évoque les exactions contre les homosexuels en Tchétchénie, mais la France doit aller plus loin

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Lors de la conférence de presse commune entre les chefs d’État français et russe, le Président Macron s’est inquiété publiquement des purges visant les homosexuels en Tchétchénie.

Avant l’inauguration de l’exposition « Pierre Le Grand, un tsar en France, 1717 » au musée du Grand Trianon à Versailles, le Président de la République s’est entretenu à huis clos avec Vladimir Poutine. Lors de la conférence de presse qui a suivi, Emmanuel Macron a notamment déclaré avoir évoqué ce « qui touche nos valeurs et nos opinions publiques. » Il a « à cette occasion rappelé l’importance pour la France du respect de toutes les personnes, de toutes les minorités […]. Nous avons évoqués le cas des personnes LGBT en Tchétchénie mais également le cas des ONG en Russie ».
Le chef du Kremlin est lui resté silencieux sur le sujet et a habilement évité toute question gênante. L’accréditation des journalistes russes à la conférence de presse étant du ressort des autorités russes, c’est sans surprise que les journalistes de Novaïa Gazieta, à l’origine des révélations, se sont vu refuser leur accréditation à Versailles. L’Inter-LGBT dénonce fermement cette énième atteinte à la liberté d’expression de la part des officiels russes.

Les attentes de la société civile sont nombreuses

Suite aux révélations de journalistes indépendants russes début avril, le scandale n’a cessé de grandir. Nous savons désormais que les autorités tchétchènes arrêtent, emprisonnent, torturent, voire assassinent des homosexuels en toute impunité.
De nombreuses ONG appellent depuis des semaines les autorités françaises à prendre publiquement la défense des minorités persécutées et les rassemblements de soutien se sont multipliés de par le monde.
Lors d’une conférence de presse commune entre Angela Merkel et Vladimir Poutine, le 2 mai dernier à Sotchi, la chancelière allemande avait nettement condamné les exactions en Tchétchénie.
Hier, Amnesty International a déployé une banderole face à la Tour Eiffel au Trocadéro dénonçant la visite du Président russe : « Stop à l’homophobie en Tchétchénie ».

Une enquête inédite

La situation des droits humains en Russie est alarmante ; des lois ouvertement liberticides ont été votées et la répression des militant-e-s s’est multipliée.
Face à la mobilisation internationale, les autorités fédérales russes ont été obligées de diligenter une enquête sur les exactions en Tchétchénie. Le pays est une terre de non-droit et un enfer pour les droits humains depuis des décennies, cette enquête est donc une première. Il revient aux ONG comme aux États de s’assurer qu’elle soit menée jusqu’à son terme et fasse toute la lumière sur les actes révélés par la presse. Cela semble être la volonté d’Emmanuel Macron qui dit vouloir « Faire la vérité complète sur les activités des autorités locales. Je serai pour ma part constamment vigilant sur ces points qui correspondent à nos valeurs […]. Nous sommes convenus [avec le Président Poutine] d’avoir un suivi extrêmement régulier ensemble ». Sans vouloir entrer dans le détail de leur conversation le chef de l’État à néanmoins ajouté : « Nous nous sommes, je crois, tout dit ».

L’Inter-LGBT prend acte de l’expression publique de l’inquiétude du Président de la République sur le sujet et invite en conséquence Emmanuel Macron, le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères et le ministère de l’Intérieur à traduire ces paroles en actes et à assurer aux homosexuels tchétchènes qui le souhaitent la délivrance de visas et des conditions d’accueil décentes en France.