Doublement victimes d’homophobie au Maroc : agressées ET condamnées

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 1 AVRIL 2016

MarocDébut mars, deux jeunes hommes ont été agressés chez eux à Beni Mellal (entre Fès et Marrakech). Battus et insultés par leurs voisins, ils ont été traînés nus dans la rue pour y être humiliés par un groupe de jeunes. Victimes d’homophobie ? Non, victimes coupables aux yeux de la justice marocaine !

Agressés, torturés puis… arrêtés et condamnés

Suite à la diffusion de la vidéo du lynchage des violences et des menaces à l’arme blanche sur les réseaux sociaux, la justice marocaine a décidé d’enquêter. Pour condamner les auteurs de violences ? Pas du tout, Abdelaziz, victime arrêtée aux urgences où il s’était réfugié suite à l’agression, a été condamné à 4 mois de prison ferme. Abdellah, l’autre victime, a été également arrêté dans sa fuite et est aujourd’hui en détention préventive dans l’attente de son procès début avril.

À titre de comparaison, l’agresseur principal n’a été condamné qu’à un mois avec sursis. Les victimes sont incarcérées alors que leurs agresseurs sont libres.

En date du 30 mars, avec la complicité des autorités, une manifestation populaire anti homosexuels très violente a eu lieu légalement dans la ville du drame à Beni Mellal. Les manifestant-e-s ont pu laisser librement éclater toute leur haine enchaînant les amalgames (homosexuels = drogués, alcooliques, pervers, pédophiles, etc.).

Homophobie d’état

Le code pénal marocain, promulgué par le roi Hassan II en 1963 et réformé en 2015, condamne toujours les actes homosexuels entre hommes comme entre femmes. Au chapitre des « attentats aux mœurs », l’article 489 indique qu’« est puni de l’emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 200 à 1000 dirhams (ndlr : 18/90€) […] quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ».

Comment lutter contre l’homophobie alors que la Justice et la Police font le jeu des agresseurs ? En 2015, un homosexuel avait déjà été lynché publiquement à Fès et la vidéo de l’agression diffusée sur les réseaux sociaux ; or, il y a quelques jours, nous apprenions que certains agresseurs qui devaient être poursuivis par le procureur ne le seront finalement pas.

Une justice complaisante

Nous espérons donc la libération des victimes ainsi que la poursuite et la vraie condamnation des auteurs de délits LGBTphobes. Nous demandons également le respect de la vie privée de tou-te-s par l’abolition des articles 489, 490 et 491 pénalisant la liberté sexuelle entre adultes consentants.

L’Inter LGBT rappelle à cette occasion une partie de ses revendications :
- que la France et l’Union Européenne condamnent fermement les atteintes aux droits humains des personnes LGBT ;
- que le ministère des Affaires Étrangères tienne compte des droits humains fondamentaux dans ses relations bilatérales, y compris commerciales et politiques ;
- la dépénalisation universelle des relations entre personnes de même sexe ;
- le droit d’asile pour les personnes LGBT persécutées dans le monde.

Contact Inter-LGBT : Aurore Foursy – presse@inter-lgbt.org – 07 71 08 68 45

Contact MALI (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles) : Ibtissame Betty Lachgar – mali.maroc2009@gmail.com

Contact ASWAT (Collectif pour le lutte contre la discrimination fondée sur la sexualité et le genre) : aswat.collectif@gmail.com