Don du sang par les homosexuels : le CCNE demande à la ministre de la Santé de se mettre au travail !
Le CCNE vient de rendre son avis sur l’exclusion permanente du don du sang qui s’applique actuellement aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Comme nous l’avions dit récemment, nous n’attendions aucune solution miracle de ce groupe d’experts, dont la mission n’est pas de définir les politiques de santé : il n’a pas vocation à redéfinir, seul, les conditions d’accès au don du sang des gays, des bisexuels et des autres HSH.
Nous faisons face à une situation de discrimination perçue autant qu’à un important enjeu de santé publique. Les appels au civisme sur lesquels sont fondées les campagnes pour le don du sang mettent de nombreux hommes gays et bisexuels face à des injonctions contradictoires intenables. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas répondre à ces sollicitations de leur esprit civique du simple fait de leur orientation sexuelle.
Si le CCNE ne pense pas être en position de remettre en cause cette exclusion pour le moment, son avis légitime cependant la question que posent les associations issues des communautés gays depuis de trop nombreuses années et qui reste actuellement sans réponse. Comme elles, le Comité estime que l’exclusion peut être fondée sur « les pratiques à risques » et ne doit pas l’être sur des groupes entiers. En prenant en compte le manque de fiabilité des déclarations dans le contexte actuel d’exclusion permanente des HSH, il reconnaît les inconvénients de cette exclusion permanente.
Le Comité demande que de nouvelles pistes soient examinées pour y mettre fin en conciliant l’assouplissement des conditions d’accès au don du sang et le maintien de la sécurité transfusionnelle. Il appelle notamment à faire évoluer le questionnaire et l’entretien préalables au don du sang ; il préconise de mener des études complémentaires (dont, au passage, toutes ne semblent pas pertinentes).
Cet avis ne fait que renforcer notre revendication que s’ouvre rapidement le chantier que nous appelons de nos vœux. Il doit permettre qu’un nouveau cadre d’accès au don du sang soit défini. Les données scientifiques disponibles peuvent nous informer sur les mesures à prendre.
Il est plus que temps de se mettre au travail. L’Inter-LGBT souhaite qu’un processus de concertation s’ouvre entre les institutions (Institut de Veille Sanitaire et Etablissement français du sang notamment) et les acteurs de la société civile concernés par ces questions, en particulier les associations issues des communautés homosexuelles. C’est dans un dialogue entre les différents acteurs concernés que les obstacles actuels pourront être levés.
La ministre de la Santé doit désormais ouvrir concrètement ce chantier.Avec d’autres, nous entendons y prendre notre place.
François Berdougo, Porte-parole chargé de la santé