Visibilité lesbienne
PMA / Santé : les lesbiennes ne sont pas des citoyennes de seconde zone !
2 ans de reculades et de lâchetés gouvernementales sur la PMA, devenue un véritable symbole des luttes lesbiennes démontrent bien la place qu’occupent les lesbiennes pour le gouvernement : NEANT.
Jusqu’à quand les lesbiennes seront-elles maintenues dans ce statut de sous-citoyennes ? Jusqu’à quand nos dirigeant-e-s refuseront-elles/ils d’ouvrir aux lesbiennes une pratique autorisée en France aux femmes en couple avec un homme ? Jusqu’à quand la santé des lesbiennes continuera-t-elle à ne pas être prise en compte ?
Parce que questionner la place des lesbiennes dans la société ne peut se faire sans questionner la place des femmes, nos luttes sont indissociables des luttes féministes. En tant que femmes et homosexuelles, les lesbiennes rencontrent la lesbophobie, une double violence conjuguant sexisme et homophobie. Violences physiques et psychologiques auxquelles se rajoutent les violences institutionnelles : le refus d’ouvrir la PMA aux couples lesbiens ou encore la non prise en compte des spécificités de la santé lesbienne.
La PMA n’est toujours pas ouverte aux couples lesbiens et aux femmes célibataires. Cette interdiction est non seulement une discrimination faite aux femmes qui ne sont pas en couple avec un homme, mais aussi une entrave au droit à disposer de son propre corps. Aujourd’hui encore s’opère un véritable contrôle du corps des femmes dans notre pays. Autant pour l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), que pour celui à la procréation médicalement assistée (PMA).
Dans le domaine de la santé, les inégalités dans l’accès aux soins des femmes lesbiennes et bisexuelles demeurent. Les préjugés lesbophobes ou biphobes et leurs stéréotypes associés (la sexualité entre femmes considérée comme une non-sexualité, refus de pratiquer des dépistages et des examens gynécologiques, etc.) engendrent des discriminations et des violences à l’encontre des lesbiennes et des bisexuelles de la part des professionnel-le-s de santé. Ainsi, 38 % des lesbiennes ont rencontré des problèmes dans l’accès aux soins1 . La/le gynécologue arrive en tête des professionnel-le-s incriminé-e-s avec 39% des cas2.
On entrevoit bien le lien étroit entre discrimination et problème de santé publique : pour éviter toute situation de violence lesbophobe, les lesbiennes évitent donc les consultations gynécologiques. De là découlent des conséquences dramatiques en matière de santé des lesbiennes et d’accès aux soins. Il est donc urgent de mettre en oeuvre un plan global sur la santé des FSF (femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes). Ainsi, nous marcherons pour la visibilité des lesbiennes et de leurs enjeux. Nous ne pouvons plus être traitées comme des citoyennes de seconde zone !
1. Enquête LGBT de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux de 2013 – Chiffres pour la France
2. Enquête sur la visibilité des lesbiennes et la lesbophobie – SOS Homophobie 2015
Nos revendications :
Assurer l’égalité d’accès aux procédures de procréation médicalement assistée à toutes les femmes, célibataires ou en couple, quelle que soit leur situation civile ou leur orientation sexuelle.
Faire reconnaitre la réalité et la spécificité de la lesbophobie par les institutions en charge de définir les catégories de la langue (notamment en faisant entrer le mot lesbophobie dans le dictionnaire de l’Académie) et par le droit français. Il s’agit d’une double discrimination spécifique aux lesbiennes, conjuguant sexisme et homophobie en direction des femmes dont l’homosexualité est réelle ou supposée. Il est primordial de nommer cette violence pour pouvoir la combattre.
Inclure la question sur l’orientation sexuelle dans les enquêtes en population générale sur les questions socio-comportementales et se donner les moyens d’analyser les résultats.
Concevoir et mettre en oeuvre un plan global sur la santé FSF (femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes), avec un volet santé sexuelle, comportant une formation des professionnel-le-s de santé – en particulier des gynécologues, pour lutter contre les problèmes d’accès aux soins des lesbiennes et des bisexuelles.
Veiller à ce que les lesbiennes et les bisexuelles ne soient pas oubliées dans les programmes internationaux de soutien aux femmes.